Le coup de cœur du mois des Jeunes Ambassadeurs du Cinéma
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Mémoires d'un escargot - bande-annonce Officielle VF
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Ce mois-ci les Jeunes Ambassadeurs du club cinéma de l'Imaginarium ont sélectionné Mémoires d'un escargot que vous pourrez découvrir en VF au cinéma de Montendre le Dimanche 9 Février 2025 à 14h30.
Entrée gratuite pour les adhérents de l'Imaginarium - Tarif à 4 € pour les accompagnants.
Article de https://www.ecrannoir.fr/2025/01/16/memoires-dun-escargot-adam-elliot-maitre-des-emotions/
À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout de l’Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s’enfonce dans le désespoir. Jusqu’à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie et à sortir de sa coquille…
À contre courant de l’époque, et plus globalement du système dans lequel s’inclut notre société – obsédé par le progrès, la croissance, le profit et le fait d’écraser son prochain chaque fois que l’on en a l’occasion – le cinéaste australien Adam Elliot bâtit depuis le milieu de années 90 (1996, son premier court métrage Uncle) une filmographie en faveur des marginaux et des laissés pour compte, ces individus mal fichus à laquelle la vie apporte souvent un lot supérieur de drames que de succès, et pour lesquels il entretient une infinie tendresse.
Après un nudiste magnétique – au sens propre du terme (Harvey Krumpet, 2004, Oscar du meilleur court métrage d’animation), un taxidermiste sourd (Ernie Biscuit, 2015), un new yorkais obèse et porteur du syndrome d’Asperger (Mary and Max, 2009, Cristal du meilleur long métrage à Annecy) et toute une galerie de personnages déglingués et follement romanesques, il dresse cette fois le portrait de Grace Puddle, une jeune femme excessivement introvertie, pourvue d’un bec de lièvre, et vouant une passion égale aux escargots et à la littérature. Orpheline, séparée de son frère jumeau, elle trouve du réconfort auprès de sa voisine Pinky, vieille dame excentrique qui ne mâche pas ses mots et a décidé de ne plus se soucier du regard des autres.
Fragile existence

Porté par la voix de Grace elle-même – qui fait le récit de sa vie à un escargot prénommé Sylvia – le film oscille entre candeur, ironie et résignation, tandis que se succèdent les événements tragiques, les moments magiques, et les entre-deux doux amers qui constituent son existence. Tout en brassant des thèmes plutôt lourds comme le harcèlement scolaire, la solitude, le handicap, le deuil et l’intolérance, Mémoires d’un escargot (lui aussi couronné du Cristal du meilleur long métrage en juin dernier à Annecy) oscille entre un irrésistible humour noir et une incommensurable bienveillance pour ses personnages, ce qui permet de mieux faire passer les motifs incontestablement désespérés qui le jalonnent.
Bien sûr, Adam Elliot joue sur la corde ultra-sensible, comme il le fait dans tous ses films, faisant même des malheurs qui touchent immanquablement ses personnages les ressorts paradoxalement les plus comiques de son cinéma. Pas parce que l’on rirait de leur mauvaise fortune, mais parce que son ton décalé et son usage de l’animation en volume, et notamment ses petites figurines d’argile, à la fois si fragiles et si déterminées, offrent une distanciation incroyablement salutaire face à la cruauté. Pourquoi prétendre que tout va toujours bien, quand le monde est un lieu éminemment brutal, et confondant de bêtise ? Il vaut mieux en rire, et montrer la poésie, la délicatesse, et même la joie qui se cache derrière ces destins cabossés. Qui chérit une soirée passée à lire un bon livre en buvant de la tisane voit exactement de quoi parle Grace, quand elle évoque ses plus grands moments de bonheur.

Ce qui touche le plus profondément dans Mémoires d’un escargot, comme dans l’oeuvre d’Adam Elliott de manière générale, c’est ainsi sa capacité à se mettre à la hauteur de ses personnages, et à nous les faire aimer pour ce qu’ils sont, sans faux-semblants, et surtout sans mièvrerie. Sans doute parce que son humanisme transparaît à chaque scène, y compris lorsqu’il convoque leurs pires démons (la dépression, la maltraitance, le rejet…), et leurs tentatives pour leur échapper. Ici, il traite notamment en filigrane de l’homophobie, et plus particulièrement des thérapies de conversion et de leurs dangers, tournant en ridicule toute forme d’embrigadement idéologique basé sur la haine de l’autre. Et se fait une nouvelle fois le chantre des différences, la seule vraie richesse qui vaille la peine de se battre.
Fiche technique Mémoires d'un escargot d'Adam Elliot, 2024 Avec les voix de Sarah Snook, Jacki Weaver, Kodi Smit-McPhee, Dominique Pinon Magda Szubanski, Eric Bana, Nick Cave... 1h34 Distribution : Wild bunch Sortie française : 15 janvier 2025