Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'imaginarium

Les voiles de la Liberté - Ella Balaert

18 Juillet 2015 , Rédigé par Bibli Donnezac Publié dans #Romans Jeunes

TOME 1 - LES VOILES DE LA LIBERTÉ

L'Amérique, les tribus indiennes et les étendues sauvages... ! Jean, jeune villageois de Pauillac, n'y aurait pas songé si le hasard - et la maréchaussée - ne l'avaient poussé à embarquer clandestinement à bord de La Victoire. Sur le navire se cache un passager d'importance, le marquis de La Fayette, en mission pour défendre ses idéaux et soutenir les insurgés américains. C'est à ses côtés, et grâce à la protection du médecin de bord, que Jean va s'inventer un nouveau destin et s'éprendre de liberté.

L'EMBARQUEMENT

- Au voleur ! Vaurien, chenapan, attends un peu que je t'attrape ! Arrêtez-le !
Jean pressa le pas, sans se retourner. Il entendait derrière lui les cris du marchand auquel il venait de voler deux petits pains aux épices, dorés à coeur, et il n'était pas décidé à se laisser prendre. Diable ! La belle affaire pour ce bourgeois que deux malheureux pains ! À peine si cela se verrait, au moment des comptes. Tandis que pour Jean, et son estomac qui était vide depuis le matin, ça oui, ça ferait une sacrée différence ! Alors pas question de les rendre, ces jolies miches couleur de miel. Plutôt crever.
C'était d'ailleurs ce qui l'attendait s'il se faisait attraper avec son larcin en poche : se faire molester à mort ou jeter dans les prisons du roi, là où il y a des rats qui meurent de faim et qui vous grimpent le long des jambes, il paraît. À cette pensée, et tout en courant, Jean frissonna... À moins qu'ils ne décident de le punir sur place et de l'envoyer nourrir les poissons. Il n'osait pas se retourner. Combien étaient-ils à sa poursuite ? Le marchand, un ou deux sergents peut-être bien, voire un lieutenant de police et la maréchaussée, si ça se trouve, sûr qu'ils étaient tous après lui... Hop, un bon coup de pied dans le derrière, et fini le Jeannot ! Noyé, coulé, au fin fond de ce port de Pauillac. Pas même treize années de misère qui s'achèveraient d'un coup d'un seul sur ce quai, un soir de mars 1777, le 25 exactement.
Dans son dos, les cris redoublèrent. Jean essaya d'accélérer, mais ce n'était pas facile de courir sur un quai tout encombré de barriques et de ballots, avec en plus au bout des pieds, ces fichus sabots de bois, bruyants et pesants. Sans compter qu'il était repérable de loin, Jean. Il n'était pas bien grand, ni bien gras non plus, mais ses cheveux blonds et bouclés volaient au vent comme une bannière.
Soudain, Jean avisa un tonneau qui avait l'air moins plein que les autres. En un instant, le temps de vérifier que personne ne le voyait, il sauta dedans et rabattit le couvercle sur sa tête. Il était temps. Quelques secondes plus tard, il entendit arriver le marchand.
- Mais où qu'il est donc passé, grogna-t-il en soufflant. Fichu maraudeur, me chaparder mes petits pains tout cuits à point... Ah ! ces jeunes, quelle époque !

 
Nous sommes dans le sud-ouest de la France, dans la décennie qui précède la Révolution française. Le peuple a faim, il paie trop d'impôts et manque de liberté. Jean, modeste fils de charron, se retrouve embarqué malgré lui vers les Amériques et participe ainsi à la guerre d'Indépendance et à la fondation des Etats-Unis. Je le fais partir une première fois sur la Victoire, aux côtés de La Fayette, et repartir ensuite sur la fameuse Hermione, dont je suivais le chantier tout en écrivant mon roman, puisque cette frégate est reconstruite à l'identique à Rochefort depuis quelques années. Ce fut pour moi l'occasion de reprendre la mer, de recroiser des pirates, de me replonger dans l'ambiance du XVIIIème siècle, ce que je n'avais pas fait depuis mon roman Mary pirate. 
Seulement voilà : j'avais un problème. Jean était parti, dans Les voiles de la Liberté, en jurant à sa petite soeur, Alix, de veiller sur elle. Et j'avais tant de choses à raconter, dans ce volume, de batailles à conduire, de mers à traverser, d'Indiens à rencontrer, de libertés à défendre, d'inégalités à combattre, et même d'amourettes à nouer, que je n'avais pas réussi à faire tenir sa promesse à mon personnage. Il fallait un second volume, consacré à la soeur : ce fut Le pain de la Liberté. Alix veut y faire son apprentissage en boulangerie. Il lui faut d'abord, pour cela, échapper à son ancien maître, aider un esclave à s'enfuir, survivre au jour le jour dans les rues de Bordeaux parmi les autres journaliers, adultes ou enfants, et, sur les traces d'Olympe de Gouges, vaincre les préjugés qui rivent les filles à des tâches subalternes. 

Ella Balaert

TOME 2 - LE PAIN DE LA LIBERTÉ

Nous sommes en 1784. La petite soeur de Jean a grandi. Depuis la mort de son père et depuis que ses frères et soeur ont trouvé à s'employer ailleurs, elle est livrée à la dureté de sa belle-mère.

 

Celle-ci en a assez de nourrir une bouche inutile et décide de la placer à son tour. Elles arrivent un matin devant une grande bâtisse de la vieille ville de Bordeaux. C'est là que réside la famille Buchez dont la fortune s'est faite dans le commerce. Alix est confiée à l'intendante, Berthe, une redoutable vieille femme qui a barbe au menton et qui « forme » la fillette au métier de servante avec rudesse, cruauté, et rapacité. Telle Cendrillon, la petite fille trime toute la journée, est nourrie chichement et dort dans une soupente. Les deux enfants de la maison la tourmentent et s'amusent à exercer sur elle leur autorité abusive de petit monsieur et de petite demoiselle. Alix forme très vite des rêves de fuite, mais elle doit patienter jusqu'à l'hiver. Un soir que ses maîtres se disputent à l'étage et que Berthe dissimulée se tient aux aguets pour suivre les détails de cette querelle, elle se faufile à l'extérieur…

 

LE GRAND DÉPART

- Allons ma fille, allons, pressons !
Alix rentra la tête un peu plus dans ses épaules. Quand sa belle-mère lui parlait sur ce ton-là, d'une voix sèche et haut perchée, avec les deux poings sur ses hanches, il n'y avait rien d'autre à faire qu'obéir. Si Alix renâclait, paf, la volée ! La main osseuse de la Marie claquait comme un battoir sur la joue de la fillette, sur sa tête ou ses fesses, cela dépendait de l'angle d'attaque. Quant à résister, Alix ne s'y était encore jamais risquée. Elle n'avait pas le courage de ses deux frères. Mais eux, c'étaient des garçons, et des grands, alors la Marie pouvait toujours crier, ils ne se laissaient pas impressionner. Et puis surtout, ils ramenaient des sous à la maison. Il leur suffisait de sortir un beau denier de leur bourse pour transformer le hurlement de la belle-mère en gloussement de satisfaction.
Il fallait la comprendre, toutefois : depuis que le père était mort, cinq ans auparavant, elle devait s'occuper seule des enfants qu'il lui avait laissés d'un premier mariage. Deux grands gaillards à nourrir, deux filles, et ce bon à rien de Jean, comme elle l'appelait, qui passait son temps à rêvasser avant de disparaître un beau jour, direction les Amériques, eh bien, bon vent, elle ne le pleurerait pas, disait-elle, la Marie. Restaient les filles, Alix et sa soeur Violante, treize et seize ans. Des bouches inutiles, si les mains ne travaillaient pas.
La belle-mère avait trouvé à louer l'aînée chez un négociant de la ville. Logée, nourrie, Violante gagnait trois sous qu'elle rapportait à la maison pour aider à payer le pain, les bouts de chandelle et de temps en temps un morceau de toile à coudre. Elle ne se plaignait jamais. La bourgeoise chez qui elle travaillait était une brave femme et son mari ne s'occupait que de son négoce en vin. Même à sa belle-mère, Violante trouvait des excuses. «Elle n'est pas mauvaise, assurait-elle à Alix au lieu de la consoler, elle n'est pas si terrible que tu crois, simplement elle n'a pas la vie facile.»
Alix s'était sentie trahie. Personne ne la comprenait dans cette famille. Sauf Jean.

 

 

 

Roman Jeunesse - dès 10 ans

L'histoire se déroule à BORDEAUX.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article